La semaine à venir sera l’une des plus dramatiques de la politique britannique depuis des décennies. Une série de votes parlementaires décidera de l’avenir de l’économie britannique ou le plongera peut-être dans le chaos. Le gouvernement de Theresa May soumettra une nouvelle fois au Parlement un accord prévoyant la sortie de l’Union européenne au cours des deux prochaines années. Cet accord est très mal apprécié par le Parlement et pourrait bien perdre à nouveau. Dans ce cas, le Parlement sera confronté à la perspective d’un effondrement de l’UE sans un accord le 29 mars, ce qui terrorise à peu près tout le monde. L’alternative la plus probable serait alors une demande humiliante à l’UE de retarder l’échéance du 29 mars afin de donner à la Grande-Bretagne plus de temps pour agir correctement. Ou peut-être que quelque chose de tout à fait différent pourrait se produire: un jeu de roulette époustouflant avec la sixième économie mondiale. (C’était cinquième il y a un an à peine, mais l’effondrement de la livre sterling par rapport à l’euro après le Brexit a fait passer la France devant le Royaume-Uni.) Comme La Grande-Bretagne et l’Europe se préparent à l’avenir. Peut-être vaut-il la peine de réévaluer la façon dont ils sont arrivés à cette impasse. [Lire: Ne vous attendez pas à ce que Theresa May fasse passer le pays au parti] Dans le contexte du Brexit se profilent les problèmes économiques qui ont discrédité les élites du monde occidental. La crise financière de 2008 a frappé le Royaume-Uni encore plus durement que les États-Unis et a causé des dommages plus durables. À la fin de 2018, les salaires moyens au Royaume-Uni restent bien en deçà de leur sommet de 2007. Pourtant, l’Union européenne ne semble pas être une bonne affaire en comparaison. La crise monétaire de l’euro qui a frappé en 2010 – et les mesures d’austérité strictes imposées pour stabiliser la monnaie par la suite – ont atténué l’attrait de l’adhésion à l’UE. Ce n’est qu’en 2017 que l’emploi dans la zone euro a retrouvé son niveau d’avant la crise; même maintenant, le taux de chômage de la zone euro est plus du double des 4% du Royaume-Uni. Alors que l’Union européenne s’est présentée comme une alternative protectrice au capitalisme sauvage à l’américaine, après 2010, l’UE a sauvage lui-même. La récession et l’austérité des deux côtés de la chaîne ont permis le Brexit. Une série de décisions politiques prises par les dirigeants britanniques et européens l’a déclenchée. Le premier élément déclencheur a été la piètre performance inattendue des conservateurs aux élections britanniques de 2010. Ces élections auraient dû rapporter une grande victoire aux conservateurs. L’économie britannique est restée dans un mauvais état après le crash de 2009. Les travaillistes étaient en poste depuis 13 ans. C’était l’heure du changement. Pourtant, les conservateurs n’ont pas réussi à obtenir la majorité. Cet échec a contraint le chef conservateur David Cameron à se lancer dans une série de manœuvres politiques désespérées. Pour obtenir un vote de centre-droit du Parti de l’indépendance du Royaume-Uni, Cameron a pris l’engagement décisif en janvier 2013 d’organiser un référendum sur l’Europe dans le cadre d’un second mandat conservateur. Cameron accepta ce risque en partie parce qu’une précédente manœuvre désespérée avait inspiré un excès de confiance. Pour convaincre les libéraux démocrates de former une coalition avec lui en 2010, Cameron avait accepté de tenir un référendum sur un nouveau système de vote pour le Royaume-Uni. Les conservateurs s’opposèrent farouchement au changement et en auraient été sérieusement blessés – mais ils ont quand même accepté le référendum comme prix de l’électricité. En 2011, ils ont joué et gagné. Les électeurs britanniques ont rejeté les propositions visant à modifier la manière dont leurs votes ont été comptés. Après avoir tenté le destin une fois, pourquoi ne pas réessayer, en particulier après que le parti «non», favorable aux conservateurs, ait encore triomphé lors du référendum sur l’indépendance écossaise de septembre 2014? Il semblait certainement que, si les forces du changement pouvaient parler et parler, le public britannique préférait la stabilité. Cameron a remporté sa majorité aux élections générales au Royaume-Uni de mai 2015. Toutefois, à partir de ce moment-là, des événements ont éclaté contre lui. En août 2015, l’Allemagne a ouvert ses portes à une vague de demandeurs d’asile du Moyen-Orient, d’Afrique de l’Ouest et d’Asie du Sud. À la fermeture des portes, 1,2 million de personnes avaient obtenu le droit de résidence en Allemagne. Une fois que ces nouveaux résidents ont obtenu la citoyenneté allemande, ils auront droit à en vertu des règles de l’UE pour s’installer au Royaume-Uni. Selon les propres règles du Royaume-Uni, ils pourraient alors réclamer des avantages sociaux, notamment des soins de santé gratuits. L’historien et analyste politique pro-Brexit, Andrew Roberts, estime que cette décision de Merkel a été à l’origine de la victoire de la délégation adverse lors du référendum 10 mois plus tard.